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Salaires : le « mérite » comme seul critère ?

Pendant très longtemps, la politique salariale suivie dans les entreprises de l’audiovisuel public avait concilié, de manière équilibrée, trois éléments constitutifs du salaire de base contribuant au maintien ou à la progression du pouvoir d’achat :

– Les AUTOMATISMES des grilles de salaires (et de certaines promotions), valorisant l’acquisition de l’expérience et de la qualification d’une part et l’ancienneté dans l’entreprise d’autre part.
– Les MESURES GENERALES (augmentation du point d’indice pendant longtemps), destinées à augmenter le coût de la vie.
– Les MESURES INDIVIDUELLES au choix (avancements pécuniaires ou promotions fonctionnelles), censées reconnaître le mérite professionnel.

Au fil des années, les contraintes budgétaires imposées par les gouvernements successifs (de droite comme de gauche d’ailleurs) ont commencé à peser sérieusement sur la politique salariale de l’audiovisuel public. Les augmentations générales sont devenues de plus en plus rares, pour disparaître complètement dès la création de l’entreprise unique France Télévisions.

L’accord conclu en 2013 a, pour sa part, fortement réduit les automatismes qui assuraient encore une progression garantie, même si elle avait sensiblement diminué. L’argument assez spécieux de la valorisation du mérite avait été une fois de plus mis en avant, pour appâter ceux qui pourraient donner crédit au sens de l’objectivité et de l’équité de la Direction.

Malheureusement, les Commissions Paritaires qui donnaient aux représentants des personnels les moyens de vérifier que chacun était traité équitablement (ou non !) ont disparu avec l’accord collectif, remplacées par de vagues comités des salaires qui ne disposent pas d’informations fiables, préalablement à des réunions où n’intervient aucun débat ! Une dérive vers la personnalisation totale et le renforcement de l’arbitraire (rappelons que la Direction a toujours détenu tout le pouvoir de décision) que dénonce l’UNSA de France Télévisions.

L’arnaque s’est bien confirmée par la suite, car le marché de dupes consistant à renoncer aux automatismes et aux mesures générales pour favoriser la personnalisation (totalement contrôlée par la Direction) n’a même pas été respecté, le volume consacré aux mesures individuelles étant réduit de moitié, et la Direction y incluant les promotions sur postes vacants qui avaient toujours été distinctes.

Tout cela ne suffit pourtant pas puisqu’il serait question de réduire encore la portée des automatismes pour donner plus de poids aux mesures individuelles. Il paraîtrait que la Direction souhaite redorer le blason des « Comités des salaires », instances vides de tout pouvoir et de moyens concrets de garantir équité et transparence. Ce changement (apparent) de cap est-il crédible ? Sachant que la Direction conserve la main sur le budget des salaires une fois que le gouvernement a décidé des cadrages, on ne peut que s’interroger sur une évolution qui continuera de démolir la solidarité et la cohésion en jouant sur l’individualisme ou l’appât du gain.

Quels syndicats se laisseront-ils séduire par ce miroir aux alouettes… et pour quels motifs ?

Sûrement pas l’UNSA-SRCTA France Télévisions qui défend une politique salariale transparente, cohérente et respectueuse du travail de chacun !

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