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FTR : des salariés réfractaires au changement ?

Les salariés de France 3 Toutes Régions (FTR) sont en butte à un véritable procès en sorcellerie. Il leur est reproché d’être réfractaires au changement. C’est à prouver….  La Direction de France Télévisions s’est mis en tête de bouleverser leur rythme de travail malgré l’avis négatif unanime des élus CE, du CHSCT et surtout de la majorité des intéressés. Quels prétextes sont avancés par la Direction ? Elle avance le bien-être des salariés et un projet éditorial ambitieux.

Des projets « ambitieux », les salariés de FTR en ont vu passer, des dizaines même, avec à chaque fois de nouvelles concessions à consentir : perte de temps d’antenne, disparition de certains métiers, polyvalence devenue compétences complémentaires… Tant et si bien que, aujourd’hui, une enquête du CHSCT conclut que le mal-être des salariés du site de Vaise est imputable à la perte de sens au travail. Une perte de sens avec toutes les conséquences faciles à évaluer en termes de risques psychosociaux professionnels. FTR sert de laboratoire social à FTV, le terme n’est plus tabou. Comment en est-on arrivé là ? Comment les salariés en sont-ils là mais, avaient-ils le choix ?

Sans nul doute, le management par la peur a été le premier outil de cette « transformation ». Depuis la disparition, traumatisante pour les équipes de la chaîne Régions, il y de cela 20 ans, le site a changé deux fois de nom et même d’adresse. Les salariés ont entendu, sans relâche, qu’ils devaient accepter les nouveaux projets et les nouvelles méthodes de travail, sous peine de fermeture. Cette peur fut largement entretenue par le syndicat dominant du site.

Cette menace a été couplée à l’isolement. Elle s’est attachée à un petit site du Siège d’une cinquantaine de personnes, localisé à Lyon, loin de Paris, où faire entendre sa voix est des plus compliqués. C’est donc avec la « complicité » objective d’une organisation syndicale qui, par choix ou à son corps défendant n’a pas alerté les instances, que cela fut possible. Aujourd’hui en guise de remède, cette même organisation syndicale propose d’inscrire FTR dans le dispositif de l’accord Qualité de vie au Travail. Un non-sens quand on sait que cet accord prévoit dans son chapitre premier la mise en place d’expérimentations qui « permettraient de tester des dispositions non prévues par les accords collectifs ou le cas échéant pouvant y déroger ». Il s’agirait alors d’une réelle régression sociale pour les salariés.

Cet accord propose également « de développer la démarche d’évaluation embarquée des processus de travail déjà expérimentée avec l’ANACT ». On voit ainsi l’ANACT promue juge et partie. L’évidence s’impose, la solution aux problèmes des salariés de FTR ne saurait venir de l’ANACT.
Ainsi, dans son rapport l’ANACT a conclu que le passage à 5 jours de travail au lieu de 4 serait bénéfique aux salariés en partant du constat que les salariés étaient fatigués par des journées trop longues. Résultat, on propose des vacations plus courtes, corrélées à des activités plus fragmentées et bien plus denses. Voilà qui redonnera du sens au travail !

Comme si cela ne suffisait pas, la Direction met en avant la possibilité pour une certaine catégorie de salariés de passer au forfait-jour. Ceci ne saurait compenser l’épuisement que nous constatons déjà chez les salariés des rédactions nationales. Il n’est pas rare pour ces derniers d’effectuer 10 jours successifs avec, parfois ou souvent, des vacations de 10 heures. Non seulement, le forfait-jour n’est pas adapté au travail posté mais, de surcroît cette décision va accentuer la division au sein du collectif de travail en opérant une césure supplémentaire entre les bénéficiaires du forfait-jour et ceux du forfait-horaire. Les salariés de FTR déjà fortement éprouvés n’ont pas besoin de cela.

Jamais aucun site n’a accepté autant de transformations, de nouvelles missions, de nouveaux outils, d’expérimentations. Alors, cette fois-ci, les salariés disent NON et doivent être entendus car le risque d’atteintes à leur intégrité psycho-sociologique est avéré.

Les salariés de FTR ne sont pas réfractaires au changement et ils l’ont prouvé. Ils refusent de voir leur santé menacée par des conditions travail dégradées.

Avec l’UNSA FTV, le syndicat vraiment indépendant de France Télévisions, faites entendre une nouvelle voix !

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