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Des primes, déprime : et vous, où en êtes-vous ?

L’heure est au bilan, celui de l’entreprise et celui de l’activité des salariés qui va permettre la distribution des augmentations au titre de l’année 2020. Les salariés les plus fortement mobilisés durant cette année particulière se pensent légitimement éligibles à une augmentation. Que nenni ! C’est méconnaître la règle ou plutôt l’absence de règle !

Certains salariés voient leur tour enfin arriver après 5 ans d’attente pour une mesure automatique qui augmentera leur salaire en moyenne de 1,7 %, la Direction se réservant le droit d’appliquer des taux plus bas. D’autres encore, se sont investis et n’auront pourtant rien. Et enfin, les petits salaires issus des groupes de classification les plus bas de l’entreprise, les invisibles de FTV qui ne seront pas revalorisés car ils seraient déjà « payés à la juste valeur de leur fonction ». 

Quand on sait que les 10 salaires les plus importants de l’entreprise ont conservé, d’après les données du bilan social 2019, le rattrapage d’un million d’euros dont ils ont déjà bénéficié en 2018, soit en moyenne 100 000 euros chacun, de qui se moque-t-on? Etrange notion du rattrapage !

La politique salariale de France Télévisions semble chaque année plus injuste et plus opaque. Une opacité que l’on retrouve dans la distribution de la prime exceptionnelle, censée être versée aux salariés mobilisés au plus fort de la crise sanitaire et qui vient d’être étendue aux équipes chargées de la transformation de l’entreprise !

Tous les salariés ont été mobilisés durant la période de confinement, certains sur site, d’autres en télétravail et pour ceux qui bénéficiaient d’une absence autorisée, celle-ci était souvent liée à une vulnérabilité de santé. Pourquoi ajouter un énième niveau de discrimination à France Télévisions?
Au sujet de la transformation, nous avons du mal à comprendre. Depuis des années, la Direction répète à l’envi que toute l’entreprise est concernée. 

Cette enveloppe de 3 millions d’euros, équivalente à celle des mesures individuelles, devrait profiter à l’ensemble des salariés sans aucune distinction. Cela serait plus sain et éviterait de diviser un collectif de travail déjà laminé par la crise sanitaire.

Des augmentations, une prime… un minimum légal qui viennent finalement prouver, si besoin en était, que la Direction de France Télévisions continue ses campagnes de façade, sans s’intéresser réellement à la réalité salariale et sociale de ses salariés.

Et même lorsque des accords à minima sont signés, l’entreprise ne les respecte pas.

On le voit de plus en plus concernant les salariés en situation de handicap dont le nombre devrait représenter 6 % des effectifs, et qui selon le bilan social diminue d’année en année. Dans le même temps, ces salariés ne sont pas accompagnés autour d’un maintien dans l’emploi. Pis, certains sont plus souvent poussés vers la sortie !

Là encore, une enveloppe existe pourtant pour permettre cet accompagnement. Et là encore, l’argent semble gaspillé !

Comment la Direction entend-elle légitimer une telle attitude face à ses obligations légales et sa responsabilité sociétale ? Comment expliquer qu’une grande entreprise de service public continue de reproduire les inégalités de la société ?

La même logique conduisant aux mêmes effets, la politique de France Télévisions en matière de logement social est totalement insatisfaisante. La commission logement révèle que France Télévisions a versé une participation de 2,6 millions d’euros auprès d’Action Logement en 2019, alors que seulement 26 salariés sur l’ensemble du groupe ont pu obtenir un logement.

La Direction peut-elle honnêtement se satisfaire d’un tel résultat ? Au-delà du constat manifeste d’un gigantesque gaspillage d’argent public, cette absence de résultats touche à l’évidence les salariés les plus précaires. Une logique cynique qui nécessite des explications, à l’heure où la casse sociale ne fait que commencer.

L’UNSA veillera à ce que l’entreprise ne se contente pas d’appliquer la loi sans respecter l’esprit de la loi !